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Bubu la Buse

Bubu la Buse

                                                         Annecy, le vendredi 6 mars 2015

 

Ma chère Laurence,

 

N’ayant aucune nouvelle de vous depuis ma dernière missive et craignant de vous avoir quelque peu effarouchée par des propos déplacés, je prends la plume, et la liberté de vous écrire directement, j’espère que vous n’en serez point fâchée.

Vous retrouver ne fut pas chose aisée... Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, autant chercher une botte dans une motte de beurre…

J'ai invoqué La Vierge Noire

Une sorcière m'a pris en stop dans sa vieille chignole grise

Elle m'a offert quelques madeleines, mauvaises, rassises

Je me suis lancé sur la trace d'un chat, en vain...

Mais je n'ai pas renoncé, et de fil en aiguille, de chas en chat, je vous ai retrouvée...

J’ai longtemps hésité avant de vous écrire, craignant de vous importuner et de vous irriter, mais n'ayez nulle inquiétude, je ne vous harcèlerai point, je ne suis pas de ce genre d’homme...

Je suis actuellement en villégiature sur les bords du lac d'Annecy et, de ma chambre d'hôtel, au charme certes un peu suranné, je jouis d'une vue imprenable sur le lac ainsi que sur toute la chaîne des Aravis. Il règne ici une atmosphère presque désuète qui me fait du bien. La beauté du paysage, le calme des lieux et la douceur toute printanière qui s'est installée en quelques jours ici, reposent mon esprit et mon âme de l'agitation de la capitale. La renaissance de la nature, chaque année, est un spectacle dont je ne me lasse point, un signe d'espoir, une promesse en quelque sorte… C'est ce changement de décor ainsi que la douceur de vivre, je crois, qui m'ont décidé à prendre la plume.

J'espère que ma lettre vous trouvera en bonne santé et de bonne humeur ; de mes manières, j'espère que vous ne prendrez pas ombrage, surtout (virgule, sourire), et que vous ne chercherez pas à vous débarrasser de moi comme d'un vilain importun...

 

Ayez la bonté de me donner de vos nouvelles et, dans l'attente, permettez-moi de vous baiser, la main...

 

Votre Bubu, … Castagnette…

 

LD

 

Bubu la Buse

                                                                          26 mars 2015

 

Cher François B

 

Nous avions convenu de prendre le large, du champ, de l’espace kilométré, au fond de nous quitter, au moins pour un temps, sans oser nous l’avouer vraiment.

Moi, mon flot de mots tari, vous, en partance pour les États-Unis, préparant votre rencontre avec un monstre sacré, qui, à l’intérieur de sa maison chaleureuse n’aura jamais été aussi présent, aussi vivant.
Vieil homme arborant une barbe grise de trois jours mais avec dans l’œil, l’éclat de l’intelligence, de la vivacité d’esprit.

Homme établissant calmement, qu’il n’écrirait plus, car ce qu’il pourrait écrire à présent, serait moins bon que ses ouvrages précédents.

Cette lucidité ou cette fatigue, lui coute-t-elle ?

J’ai le sentiment que non.

Alors c’est vrai, ma surprise fut grande, quand sous la forme d’une petite annonce, vous vous proposiez d’être ma muse. C’est avec un humour non dissimulé que vous postuliez en remplacement je présume, de Benjamin Biolay.

Sans être mon modèle, ma muse vous l’êtes déjà. Nul besoin d’artifices, d’antiques costumes, de fibules, de couronne de laurier, de spartiates à lacets, pour que vous me donniez des idées…

Je n’ai pas pour le moment l’intention d’écrire de nouveaux textes à BB, et je garde précieusement son avatar Monsieur B, que voulez vous, j’y suis attachée, comme à un drôle de petit bb.

Je posterai encore, mais plus à la même cadence, un peu plus détachée. Je crois qu’au fond pour moi, c’est un mal pour un bien, il a claqué la porte, et moi de l’autre côté, je m’y suis adossée. Comme dans le tableau mais seule, j’ai poussé le verrou…

Toutes ces années, j’ai reçu ses chansons avec un réel enthousiasme, vive alacrité et je crois qu’à ma mesure, j’ai aussi donné, beaucoup de babillages et quelques bons textes. Je n’ai jamais rien demandé, même pas une photo dédicacée (sourire)

En attendant une nouvelle production, je vais restée à la marge, de ma feuille quadrillée, sans animosité.

De retour en France, vous vous reposer au bord du lac d’Annecy. Je me demande quelle visibilité du fond on peut avoir sur le lac. Quels poissons aux dents pointues peuvent vous frôler les pieds, si sur un coup de tête, vous décidiez assis au bout de ponton en bois, à y plonger les pieds. Vous retrousseriez alors le bas de votre pantalon en plis soigneux, posant j’imagine chaussettes et chaussures, tout près de vous, bien rangées. (sourire)

Comment est le fond du lac ? Sableux, vaseux, boueux ? Quel est son odeur ? Pour moi, François, c’est une étrange affaire, cette eau sans sel là.

Vous au lac, moi à la mer
Abouchons-nous par la rivière
Comme sortis des eaux
« il y a des rêves qui ne meurent pas
Qu’on vous repasse
Et qui vous restent sur les bras
Qui vous dépassent
Il y a des rêves qu’on ne refuse pas »
Dominique A

Puisque vous vous proposer d’être ma muse, homme téméraire, allez, je signe le contrat, mais François dites-moi ? Peut-on batifoler baguenauder et plus si affinités avec sa muse ? Où on ne doit pas ?

Nous nous reverrons ce printemps, la lumière aura un autre éclat, dans la pièce blanche. Dans la pièce blanche, sous les rayons obliques traversant la fenêtre sans rideau, vous serez torse nu.

Assis sur un coffre en bois sombre, je serai derrière vous, dans le silence.

Vous pencherez dos et tête vers le sol.

Les mains sur le coffre

Je prendrai un temps qui ne se mesure pas, pour admirer vos omoplates.

Vous bougerez un peu une épaule, juste un peu, subrepticement

Et je scruterai, fascinée ces deux os plats, sous votre peau pâle, deux petites ailes d’ange

Deux petites ailes délicates emprisonnées dans une cage

Qui me feront m’envoler, si loin, si près de vous

Sous le charme, dans les paillettes scintillantes de poussières pour une fois bienvenues,

 Je m’approcherai de vous

Passerai ma main sur votre nuque, avant d’ouvrir les doigts, dans votre brune chevelure,

Et là de tirer en arrière en refermant les doigts, pour vous ramener à moi, contre mon ventre

Tout contre

Revenez, revenez promptement, lestement, vite, François.

 

Après signature, vous avez sept jours pour dénoncer ce contrat.

 

LG

Bubu la BuseBubu la Buse

                                                                       27 mars 2015

 

Ma chère Laurence,

 

A la vue de l’enveloppe négligemment posée au fond de ma boîte aux lettres, je frémis. A sa lecture, je pâlis et rougis. Oui, votre dernière lettre jette mon esprit dans une confusion sans nom et me plonge à la fois dans une béatitude indicible et dans de terribles angoisses… La challenge est difficile, serai-je à la hauteur ? Voilà la question qui me taraude et me laisse sans répit…

 

Je dois dire que je ne m’attendais à une réponse aussi prompte de votre part, vous me prenez au pied levé et je n’ai de discours préparé…

Plus que muse, aujourd’hui, je me sens buse, je ne suis qu’une triple buse, qui pourrait bien se faire buser avant la fin de la période d’essai, si elle continue ainsi à muser et s’amuser. Je vous présente toutes mes excuses et vous promets d’essayer de me reprendre. Laissez-moi un peu de temps, je vous prie, pour faire quelques préparatifs et aménagements…

 

Toutefois, il est évident que j’accepte le contrat sans n’en récuser aucun point.

Avec exaltation je le relis, avec appréhension, à côté de la vôtre, j’y appose ma signature.

Puissé-je, ô mon dieu, ne pas être qu’une muse du dimanche…

Puissé-je, ma chère Laurence, ne point vous désabuser…

 

Bubu, la buse qui voulait se faire aussi subtile que la muse…

 

PS: Peut-être devrais-je commencer par changer de nom, par quitter ce surnom saugrenu... Bubu, je trouve que ça manque un peu de tenue..

C'est vrai, vous avez écrit beaucoup de très bons textes pour BB, et c'est vrai, sans jamais rien demander. J'admire chez vous cette constance et cette abnégation, et je l'admire sans jalousie aucune. Pour moi aussi, vous avez écrit de beaux textes, de belles lettres... Je ne pourrai pas répondre à celle-ci dans l'immédiat, vous connaissez mon emploi du temps chargé, mais je signe, sur le champ, et les yeux fermés... Ne m'en veuillez pas si je vous emprunte votre virgule, de temps à autre, j'aime bien en jouer (sourire)...

 

 

                                                                                           27 mars 2015

N'ayez jamais peur de ne pas être à la hauteur, soyez là. Je vais aussi être très occupée en Avril, ce que je vous propose, c'est de ne pas nous découvrir d'un fil en Avril pour mieux nous retrouver, en mai. Cela vous convient ? François B

LG

                                                                                                                                

                                                                                              27 mars 2015

 

Votre proposition me convient parfaitement... Il fait encore trop froid pour que je me découvre... Dans votre lettre, vous me demandiez si j'avais trempé mes pieds dans le lac... Que nenni! Les montagnes encore recouvertes de neige sont signe de la fraîcheur de l'eau. Le printemps a fait une brusque apparition, c'est vrai, mais il est reparti aussi vite qu'il était venu... J'attends le retour du soleil, on peut espérer qu'au mois de mai, le printemps se soit définitivement installé, et en mai, fais ce qu'il te plaît!

François

Bubu la Buse
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